« Nous voulons être un partenaire d’externalisation fiable »

« On peut continuer à se plaindre du manque de personnel, mais cela ne résout rien », explique Gert. Attirer des experts-comptables qualifiés et les conserver était également un problème pour QFK Tax Accountants, un cabinet établi à Olen et Retie. 

« Ce sont surtout les recruteurs qui profitent de la pénurie de personnel »

Tel est le constat de Gert : « Ils essaient de convaincre les profils comptables de changer de cabinet. Chaque candidat est alors proposé à des cabinets concurrents à des prix exorbitants, sans aucune garantie. Malheureusement, j’ai moi aussi été confronté à ce type de pratiques mafieuses. Pour couronner le tout, ma collaboratrice originaire de Macédoine du Nord, qui travaillait avec nous depuis deux ans, est partie : elle était venue en Belgique pour suivre son grand amour, mais malheureusement, les belles histoires ne durent pas toujours toute la vie. » 

« Quand elle est retournée en Macédoine du Nord, Marijke et moi l’avons suivie. Nous voulions voir s’il était éventuellement possible pour elle de télétravailler. En Macédoine du Nord, nous avons vite remarqué qu’il est un peu plus facile de trouver des profils d’experts-comptables qualifiés. Dans un premier temps, notre objectif était de réduire la charge de travail dans notre propre bureau. »

Aider d’autres cabinets d’experts-comptables dans leurs tâches administratives

« Ensuite seulement, l’idée a fait son bout de chemin : nous pourrions aussi aider d’autres bureaux comptables dans leurs tâches administratives. Ainsi, les collaborateurs internes peuvent se concentrer sur le contrôle des dossiers et l’entretien des relations clients. »

Les collaborateurs de Bos/s se consacrent à un seul cabinet comptable. Ils suivent une formation approfondie et ont aussi la possibilité de travailler pendant deux semaines dans le cabinet belge avec lequel ils vont collaborer. « Cela leur permet de faire plus ample connaissance, ce qui contribue à faire tomber les barrières », indique Marijke Migom. « Bien entendu, les tâches des collaborateurs en Belgique changent aussi. Ils ont plus de temps pour finaliser les dossiers et s’entretenir avec les clients. Un autre avantage est que les profils juniors peuvent évoluer beaucoup plus vite, alors que par le passé, ils passaient surtout leurs premières années de travail à comptabiliser des factures. »

Importance croissante de la post-comptabilité

Marijke et Gert ont conscience qu’à partir de 2026, avec l’introduction de la facturation électronique obligatoire et Peppol, la demande de traitement manuel des factures va fortement chuter. De ce fait, le volet post-comptabilité prendra de plus en plus d’importance, y compris pour les collaborateurs de Bos/s. « Les entreprises comptables belges vont vraiment devoir faire des choix », souligne Gert. « À ce stade, elles peuvent encore recycler leurs collaborateurs internes en sous-traitant (d’ores et déjà une partie) du travail administratif. »

Gert Arras s’attend à ce que les petits bureaux disparaissent à court terme, à moins qu’ils ne se spécialisent. « Les obligations administratives, les échéances successives, les tours de vis réglementaires et les évolutions technologiques… tout cela crée beaucoup de pression. Soit vous passez à une sorte de modèle de franchise, dans le cadre duquel vous utilisez certains services en commun avec d’autres cabinets, soit vous vendez votre bureau à de grands groupes comme Moore, PIA ou Van Havermaet. »

Une suite logicielle comptable pour accompagner la numérisation

Marijke et Gert constatent aussi que de nombreux cabinets ne se sont pas encore pleinement numérisés. « À partir de l’automne, nous voulons aussi soutenir ces bureaux-là en leur proposant une suite comptable bien pensée,

qui relie les différentes applications logicielles entre elles pour automatiser davantage les processus comptables. Il est donc important de choisir des logiciels compatibles, qui conviennent au bureau et qui conviennent aussi aux clients. Actuellement, nous sommes encore en train de négocier les conditions de licence avec les éditeurs de logiciels. Il ne faut pas oublier que de nombreux experts-comptables ont plus de 50 ans et qu’il leur manque souvent les connaissances nécessaires pour élaborer un trajet de numérisation de A à Z, ou l’envie de le faire. L’on oublie trop souvent que la maturité numérique est importante pour la valorisation future d’un bureau. »

La clé : une bonne correspondance avec le donneur d’ordre

Enfin, Marijke souligne que Bos/s ne collabore pas avec n’importe quel cabinet : « Il doit y avoir une bonne compatibilité avec le donneur d’ordre. La langue véhiculaire entre le cabinet et l’équipe en Macédoine du Nord est l’anglais, même s’il serait aussi possible de communiquer en français. Et comme l’équipe devient véritablement une extension du cabinet belge, nous visons une collaboration à long terme, à un coût fixe par collaborateur pour éliminer toute inquiétude relative à la variabilité des coûts. »

Quant au développement futur de Bos/s, Gert Arras a une vision très claire. « Dans nos bureaux de Skopje et Stip, nous pouvons facilement occuper 60 personnes. Nous disposons désormais d’un consultant RH sur place, pour accélérer le recrutement et la sélection. Nous visons 20 collaborateurs d’ici la fin de l’année. Mais surtout, nous voulons être un partenaire d’externalisation fiable, pour que les cabinets comptables qui font appel à nous puissent se concentrer pleinement sur les défis de demain. Nous savons que cette méthode fonctionne, car nous l’avons nous-mêmes testée pendant un an et demi. »

Danny De Pourcq